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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 05:25





L’INDE, la plus grande démocratie du monde, comme on a coutume de le dire, est bien loin de la France. Lancé depuis près d’un mois dans des élections législatives, cet immense pays de 1,1 milliards d’habitants et de 714 millions d’électeurs, n’attire pas la foule des journalistes européens !.. Et pourtant, l’enjeu est d’importance. Les deux grands partis traditionnels s’affrontent :  le BJP et le Congrès. Mais cette fois apparaît un Troisième Front, mené par Mayawa Kumari, l’égérie des indiens "intouchables", qui rend à peu près impossible tout pronostic sur le résultat du scrutin.  Voir notre article du 18-04-2009 "INDE : 714 millions d'électeurs, 1 mois de scrutin"

La revue Aujourd’hui l’Inde a rencontré quelques uns de ces électeurs.





Boman Irani a 37 ans, et depuis toujours, il cultive des chikus ces fruits prisés des Indiens qui ont fait la fortune de sa famille. Mais aujourd’hui, entre la volonté d’industrialisation du gouvernement indien et des prix de vente relativement bas, les difficultés s’accumulent. 
 

 

Etes-vous satisfait de votre condition d'agriculteur ?


Pas vraiment. Mon père a quitté l'Iran pour l'Inde quand il avait 12 ans à la recherche d'une vie meilleure. Il est venu seul et il s'est débrouillé pour survivre en se faisant employer comme journalier sur les terres des autres. Mais il a travaillé dur, et petit à petit, il a eu assez d'économies pour s'acheter sa propre ferme. À son époque, il était possible de s'enrichir dans l'agriculture. Quand il investissait, il savait qu'il en aurait pour son argent, ce qui n'est pas mon cas.

 

J'ai repris l'exploitation et je cultive des sapotiers sur plusieurs dizaines d'hectares. Ces arbres fruitiers sont originaires d'Amérique centrale mais poussent très bien en Inde. Je vends les fruits, les sapotes également appelés chikus, dans tout le pays. Le bois, qui est de haute qualité, est dédié à l'ébénisterie. Mais les revenus que j'en tire ne sont pas suffisants alors depuis quelques années je suis également courtier en produits agricoles, principalement des fruits. J'aime ce que je fais et je suis fier d'avoir repris l'affaire de mon père, mais si un jour j'ai des enfants et qu'ils souhaitent se lancer dans un autre secteur, je les y encouragerais.

 

Avez-vous voté ?


Voter est un droit et un privilège que nous offre la démocratie, alors oui, comme à chaque élection, jeudi 30 avril, je me suis rendu aux urnes, mais sans grand enthousiasme. J'ai voté pour le Parti du Congrès, par défaut. Les problèmes d'application de l'Employment Guaranty Act (Loi de Garantie de l'Emploi), votée par le gouvernement en août 2005, révèlent les difficultés qu'ont les autorités à établir un vrai plan de soutien au monde agricole. Cette mesure-phare du gouvernement de Manmohan Singh, qui devait assurer au moins 100 jours de travail par an à chaque famille rurale, a bien du mal à s'imposer. Alors que l'écrasante majorité de la population indienne vit de l'agriculture, le secteur est largement négligé par la classe politique.

 

Quelles sont les difficultés que vous affrontez ?


J'ai de plus en plus de mal à recruter des ouvriers agricoles pour planter et récolter mes fruits. Dans le nord du Maharashtra, où je vis, les hommes préfèrent être employés dans l'industrie où on leur offre de meilleurs salaires. Certains partent tenter leur chance en ville, surtout à Bombay qui n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres d'ici. Et puis autre problème logistique, les coupures d'électricité. L'Etat fournit d'abord les villes puis les campagnes, les industriels sont prioritaires, et nous les agriculteurs, nous nous retrouvons en bout de chaîne si bien que nous sommes approvisionnés que quelques heures par jour.

 

Sur quoi se concentrerait votre politique agricole si vous étiez ministre ?


Les autorités bradent les terres agricoles aux industriels qui contrairement à nous paient des impôts. Résultat : nos sols sont pollués par les produits chimiques qu'ils déversent. Si j'étais ministre, je m'assurerais que les espaces industriels soient bien isolés des champs et des espaces d'habitation. Ensuite, je m'attacherais à définir un prix minimum décent pour tous les produits agricoles, ce qui permettrait aux agriculteurs de vivre décemment. Toute grande puissance économique qui se respecte se doit d'être autosuffisante en terme d'alimentation. L'agriculture ne doit pas être sacrifiée sur l'autel de l'industrie.

 

 

 

Source : Aujourd'hui l'Inde   mai 2009

 

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